Hommage aux Harkis – Discours officiel



Voici le discours du Secrétaire d’État auprès du ministre de la défense et des anciens combattants:

« Nous rendons aujourd’hui un hommage solennel aux Harkis et aux membres des formations supplétives qui ont servi la France tout au long de la guerre d’Algérie.
Le 25 septembre 2001, il y a 10 ans, fors d’une « journée nationale d’hommage aux Harkis », monsieur Jacques CHIRAC, Président de la République, adressait à ces derniers et à leurs familles un message solennel «de respect, d’amitié et de reconnaissance». Cette journée fut pérennisée deux ans plus tard par son inscription au calendrier commémoratif, comme «journée nationale ».

Il aura donc fallu attendre presque 40 ans pour que la Nation affirme véritablement toute sa reconnaissance envers les Harkis, les membres des troupes supplétives et, plus largement, envers tous les musulmans d‘Algérie qui firent le choix de la France durant ces terribles années. Tous ceux que l’on englobe désormais sous le vocable « Harkis » s’illustrèrent en Algérie
avec dévouement et ardeur aux côtés de l’armée française, de 1954 à 1962, pour défendre les idéaux de notre pays, leurs terres, et protéger leurs familles.

En agissant ainsi, ils marchaient sur les traces de leurs pères, de leurs grands-pères qui, aux heures tragiques de notre histoire, entre 1914 et 1918 puis entre 1939 et 1945, contribuèrent vaillamment à la sauvegarde de notre pays et de l’honneur du drapeau français, écrivant en lettres de sang certaines des plus belles pages de l’Histoire de France.

Comme eux, leurs fils et petits-fils ne déméritèrent pas. Civils pour la plupart, armés par la France afin d’assurer la sécurité de points stratégiques, de villages ou de zones parfois plus étendues, mais aussi de participer à des opérations militaires. Ces hommes firent face durant la guerre fratricide que fut, pour eux, la guerre d’Algérie, restant indéfectiblement fidèles à la France, jusque dans l’adversité la plus tragique.

Ils peuvent en être fiers et nous en sommes infiniment fiers.

La fin des combats ne marqua pas pourtant la fin de leurs souffrances. Bien au contraire, ai-je envie de dire. Ceux qui restèrent au pays, y compris par choix, furent les premières victimes de l’opprobre de leurs compatriotes. Un destin souvent funeste les attendait, dont le tragique souvenir hante toujours nos mémoires. Des milliers d’autres allaient connaître l’exil. Abandonnant leur terre natale, parfois leur famille, ils traverseront la Méditerranée pour commencer une nouvelle vie dans une
France qu’ils ne connaissaient pas, ne les attendait pas, voire n’en voulait pas.

Par le courage qu’il leur a fallu pour choisir la France, par les souffrances et les sacrifices consentis, par les épreuves endurées pour Elle ou à cause d’Elle, et par la fierté et la dignité dont ils ont toujours fait preuve, les Harkis ont bien mérité de la Nation.
Ils nous ont appris la volonté, l’honneur et la fidélité. Leur histoire est notre histoire. Que leur engagement, leur don de soi, leur sens du renoncement restent à jamais un exemple pour tous les Français, et notamment pour les jeunes générations.
Même si nous savons bien, les uns et les autres, que cette commémoration qui nous réunit aujourd’hui n’a pas la force de guérir à elle seule leurs blessures, au moins a-t-elle le mérite de rappeler le drame des Harkis, qui demeure méconnu du public, et
d’affirmer leur appartenance pleine et entière à la nation française.

Honneur aux anciens Harkis ! Vive la République ! Vive la France ! »

Marc LAFFINEUR